Au CŒUR de la FERME

Au CŒUR de la FERME

De jeunes visiteurs prennent plaisir à pailler les porcs... Mise en bouche pour le premier épisode d'un feuilleton qui va s’étaler sur plusieurs mois...

Sur plusieurs mois, découvrez ici les coulisses de la ferme de la Moinerie avec des épisodes thématiques.  
 


Au Cœur de l'élevage de la Moinerie

EPISODE 1 : L’éthique

Sur plusieurs mois nous allons détailler et expliquer nos méthodes de travail, nos engagements pour offrir un porc de qualité. Nous ferons en sorte de ne pas sombrer dans la présentation d'un simple catalogue publicitaire ou dans l'utilisation de slogans vides de sens. Aller au fond des choses est bien notre objectif : santé du sol, santé des plantes, santé des animaux et par voie de conséquence santé des consommateurs sans oublier l'impact environnemental …. tout un programme. La dimension de notre élevage est une autre particularité importante.Tout ceci représente notre éthique tout simplement. 

Taille humaine : La taille de notre élevage est limitée par le cahier des charges Développement Durable Cohérence : 1800 porcs autorisés pour deux actifs que nous sommes, nous en produisons actuellement 1200. La surface de la ferme 48,5ha nous classe parmi les petites structures : grossir au détriment des autres n'est pas dans notre philosophie ... notre éthique.

Le rapport humain que nous voulons entretenir avec nos clients (pros et particuliers) fait aussi partie de notre pré occupation.

Voilà résumée notre éthique d'éleveurs et de producteurs « directs » ça, c'est fait!  
 

EPISODE 2 : Les vers de terre

Acteur indispensable de la fertilité du sol. Je creuse le sol et permet une meilleure circulation de l'eau, je digère la terre et la rejette sous forme d'agrégats qui nourrissent les plantes (cela peu représenter plusieurs centaines à l'hectare). Je contribue à la dégradation de la matière organique en la transformant en humus. Voilà notre job, mais il faut que nous soyons nombreux ! Ce serait prétentieux d'oublier le travail de nos « collocs terriens » que sont les micro-organismes et autres bactéries qui complètent la panoplie des travailleurs du sol : l'homme n'est que le dernier maillon d'un fonctionnement complexe et parfois un maillon faible.

L'agriculture moderne n'est pas tendre avec nous, l'intensification des cultures avec plein de chimie nous fait « tousser » au mieux et détruit notre milieu naturel, bien sur la chimie a aussi la solution pour régler les problèmes qu'elle génère (ça fait marcher le commerce!). Si l'on n'y prend pas garde en détruisant notre lieu de vie on réussira à rendre nos terres stériles.

A la moinerie

Le bien être de nos porcs nous nous laisse pas indifférent, vous le savez.... celui des vers de terre non plus : leur bien être et par voie de conséquence leur prolifération, sont bénéfiques pour nos terres... nos cultures... nos animaux... nous même et nos enfants*(vous l'avez compris).

Ces évidences nous conduise à limiter au maximum les intrants chimiques. Nous nous interdisons justement l'utilisation systématique d'insecticides qui par leur action ne font pas le tri entre les bons et mauvais insectes ou autres organismes vivants présents dans le sol dont les vers de terre. Le respect du milieu naturel passe aussi par les techniques culturales.... 

*nous avons toujours en tête que la terre ne nous appartient pas : nous l'empruntons à nos enfants !

En savoir plus sur les vers de terre
 

EPISODE 3 : Fers.. contre vers

Dans l'épisode précédent nous évoquions les vers et leurs collocs (tous les organismes qui vivent et travaillent la terre) leur travail est signe de fertilité. La cohabitation se fait sur plusieurs étages ou niveaux.

A chaque niveau correspond un type d'organisme qui ont des fonctions bien précises. Le labour longtemps considéré comme l'action primaire en agriculture (avant les semis) est aujourd'hui remis en cause notamment lorsqu'il est trop profond (ce qui n'était pas le cas avec les première araires tirées par les bêtes de somme!). Trop profond il perturbe le bon ordonnancement vu ci dessus. Certain autres engins bousculent parfois aussi tout sur leurs passages...

Si le sol est un garde manger pour les plantes, il doit permette une bonne circulation des racines chargée de collecter la nourriture et l'eau. Cette eau vient du ciel mais aussi remonte en surface par capillarité à condition que la structure du sol si le circuit ne soit pas détériorée... nous y revenons encore.

Ainsi est née la technique du « sans labour » avec notamment les TCL (techniques culturales simplifiées), destinées à un travail très superficiel de la seule zone de germination de la graines, le reste dame nature s'en occupe...

Voire aussi Biodiversité   Technique sans labour 

A La Moinerie

Nous cultivons depuis plusieurs années sans labour mais la charrue est encore régulièrement utilisée dans plusieurs situations sur une faible profondeur. Au passif du non labour, il y a le salissement en mauvaises herbes : la pratique courante consiste dans ce cas à utiliser un célèbre désherbant. Pas de ça chez nous ! La charrue permet de limiter la présence de mauvaises herbes en enfouissant les graines de mauvaises herbes(nous reviendrons sur d'autres techniques alternatives de désherbage).

Le labour naturel !

Dans le passé les sols demeuraient nu en hiver, ainsi on a redécouvert l'intérêt des couverts végétaux

dont l'objectif premier est de capter les éléments nutritifs du sol solubles (dont l'azote) emportés par les eaux pendant l'hiver et de les restituer au printemps avec la destruction de ces couverts (en savoir plus

Bien avant que cela ne soit imposé, nous avons repris cette technique, l'un des autres rôles de ces cultures dites intermédiaires est aussi de travailler le sol avec des racines qui descendent parfois profondément en terre.

Un labour naturel en quelque sorte. Utiliser les outils que la nature met gratuitement à notre disposition n'est pas un bon plan ?

 

EPISODE 4 : NPK

Il n'y fait pas trop mauvais dans ce sous sol, malgré le froid hivernal qui arrive, la végétation de surface rentre dans un sommeil profond et en dessous c'est une période plus calme mais la vie microbienne et animale n'est pas complètement endormie : on prépare déjà le réveil printanier.

Dans les épisodes précédents nous avons vu le boulot fait par les différents habitants du « dessous » l'objectif étant de travailler la structure du sol pour le bon passage des racines et de rendre disponible la nourriture des futures cultures.

Cette dernière est représentée majoritairement par les éléments N , P, K (azote, phosphore et potasse) les 3 éléments majeurs pour la vie végétale. Selon les plantes les besoins varient, le travail de l'agriculteur est de faire en sorte que la plante trouve en quantité suffisante les bonnes doses en tenant compte de ce que le sol apporte naturellement. L'apport est soit organique (lisier, fumiers , compost) ou chimique (sous forme minérale).

En forçant sur les doses d'azote (N) en particulier, on « booste » le développement de la plante et le rendement mais cela peut être au détriment de sa qualité (gustative) et résistances (à la verse et aux maladies) ... Ils s'agit donc de trouver le bon équilibre. La sélection variétale a aussi œuvré dans cet objectif, c'est le principe de l'intensification*.

Moins connus, les micros nutriments* du sol contribuent à la qualité gustative et nutritionnelle, ils sont aussi important . En culture de serres sur supports nutritifs (hors sol) on sait apporter le minimum pour faire pousser.. mais quid de ces micros-nutriments....     Pour aller plus loin dans la fertilisation 

A La Moinerie

Nous évitons la facilité et préférons le bons sens... Jadis on décidait à l'avance de ce qu'il fallait apporter : l'école et le conseil agricole le dictait. Un non sens au regard des gaspillages et pollutions engendrées par les excédents non utilisés par les plantes. Nous sommes comme dans une cuisine, il faut donc faire le bon dosage pour à la fois optimiser le rendement (paramètre économique) et préserver la qualité intrinsèque de la production.

Désormais la réglementation oblige à calculer à partir de paramètres agronomiques et climatiques les doses à apporter... Nous utilisons un logiciel spécifique pour cela... et nos propres observations. Il nous faut tenir compte des précédents culturaux*, des couverts végétaux, de la  nature des sols etc... Les analyses de sol nous permettent aussi de jauger aussi les disponibilités et les éventuels déséquilibres qui peuvent limiter les assimilations de nourriture même présente en quantité suffisante. A suivre...

* nous reviendrons sur les aspects sélections, rotationnels et  couverts végétaux...


EPISODE 5 :  La Vernalisation

Le froid de saison pourrait nous inciter à rester bien au chaud sous terre comme dans les épisodes précédents avec nos vers de terre. Et bien non, courage regardons dehors les effets du froid sur les cultures en place( essentiellement les céréales).

Comment le froid est un allié naturel et indispensable d'une céréale d'hiver ?

Pour passer de l’état végétatif à l’état floral, les céréales d’hiver ont besoin de séjourner à des températures suffisamment basses pendant leur phase juvénile. C’est la vernalisation, phase que l’on peut définir comme l’acquisition ou l’accélération de la capacité de fleurir suite à un traitement au froid.  Les cellules du bourgeon sont le site de perception de ce froid.

A la moinerie

Étonnante la nature non ? Rien n'est hasard, tout est utile pourrais t-on dire.

C'est à partir de tels phénomènes naturels que notre travail s'opère. Leur bonne connaissance est le précurseur de bonnes pratiques respectueuses de l'environnement.

Nous faisons de cette évidence une ligne de conduite et évitons de nous laisser entraîner dans la facilité que permet la chimie qui ne doit être que le dernier recours.

 

EPISODE 6: L'assolement .. et la couverture

La couverture ce n'est pas pour tenir au chaud tout notre petit monde souterrain (voir épisodes précédents), non il s'agit ici d'une couverture végétale aux effets agronomiques importants. L'assolement quant à lui représente la répartition des cultures sur une ferme pour l'année, tout un programme que nous allons détailler mais revenons à notre couverture végétale.
Le but premier du couvert est de « pomper » l'azote soluble résiduel encore disponible dans le sol après la récolte, en effet et comme nous l'avons vu le sol est en capacité de produire des éléments fertilisants comme cet azote, qui, passée la récolte sera entraîné par les pluies hivernales vers les nappes phréatiques entraînant pollution et gaspillages en excès à ce moment. Le rôle du couvert est ni plus moins que de le mettre à abri pour l'hiver !
La plante (ou les) du couvert restitue cet azote à la culture suivante en se dégradant dans le sol après avoir été enfoui. Précédemment nous avions vu le rôle intéressant des couverts pour le travail du sol.
Le couvert végétal est devenu une culture à part entière avec désormais des associations d'espèces complémentaires dans leurs actions.
Pas d'improvisation, l'effet du couvert est bénéfique mais il existe parfois des effets dépressifs sur la culture suivante si l'on n'y prend garde. On aborde ici la diversité des cultures si importante pour ses aspects agronomiques. Nous y reviendrons en développant le choix des cultures. En savoir plus

A la moinerie
Les couverts végétaux sont désormais obligatoires, il est interdit de laisser des sols nus en hiver. A la moinerie cela fait belle lurette que nous avons compris l'intérêt de cette pratique,bien avant que cela devienne une obligation. Nous nous interdisons la destruction par voie chimique (le glyphosate est utilisé pour ça, il est interdit de Moinerie), le couvert est broyé et incorporé au sol.
Nous testons aussi les couverts inter-cultures ,semis dès récolte de céréales et avant cultures d'hiver, essais avec la Caméline (en photo) à croissance très rapide).

EPISODE 7: PPF et reliquats...

Allez on se réveille ! en ce pré printemps la végétation n'attend que les premières montées en température pour se réveiller : tout le monde prépare le festin des futurs plantes.
Le menu est désormais concocté par des logiciels chargés (voire épisode 5) de déterminer les besoins de la culture en fonction du type de terre, des rendements attendus etc...
Les calculs tiennent compte de l'historique des apports et de la pluviométrie qui déterminent quant à eux le niveau des reliquats, autrement dit ce qui est en stock et disponible dans le sol à la sortie de l'hiver.
Le document final, appelé le PPF (plan prévisionnel de fumure), indique la quantité d'apports organiques et minéraux à apporter pour chaque parcelle. C'est comme dans une recette de cuisine : on ne mets pas les ingrédients au hasard.


A la moinerie
Nous réalisons ce PPF nous même, cela est fastidieux (la réglementation évolue en permanence), de plus et peut être contrôlé et sanctionné si le travail est mal réalisé. Le faire soi même permet une approche plus fine.
Notre cahier des charges limite les apports notamment pour les engrais minéraux, d'où l'intérêt d'être pointu dans l'approche technique... Il ne s'agit pas de bidouiller les chiffres pour être dans les clous... mais plutôt de mettre en place des techniques et solutions qui permettent de réduire au maximum les apports. Cette approche permet de cadrer avec les exigences.

EPISODE 8: Avant l'heure c'est leurre...

Alors que le colza étale ses plus belles fleurs (top départ des floraisons culturales printanières), les abeilles se mettent en appétit mais pas que.... Les méligèthes du colza adorent le nectar des fleurs... la femelle pond ainsi ses œufs dans les boutons foliaires, en cas trop forte ponte le bouton est détruit.
 

Des insecticides sont alors utilisés en cas d'infestation.... aucun insecte (même les bons) ne lui résiste.

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A la Moinerie
 

Les insecticides sont bannis de nos pratiques, au semis du colza nous incorporons une variété très précoce à 5% des graines, lorsque cette variété commence sa floraison les méligèthes (s'ils sont présents) s'attaquent à la proie et en oublient la variété principale ainsi épargnée. Ça marche, ça ne coûte pas cher, c'est propre... et c'est peu vulgarisé. Comprenne qui pourra !
 

 


A suivre....